Olympe de Gouges, une femme du XXIe siècle

Publié le 30 décembre 2012 - mis à jour le 1er janvier 2013

Qui, en France, connaît l’auteure de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne parue le 14 septembre 1791 ? Une présidentiable en quête de voix féminines lors de l’élection de 2007 ? La poignée de féministes et les quelques historiens et historiennes qui rêvent de faire entrer au Panthéon une femme de lettres proprement révolutionnaire ? N’a-t-elle pas su proclamer et appliquer, elle-même, le principe : « La femme a droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la tribune » (article X) ? Ce passage, le plus cité de tous les écrits d’Olympe de Gouges, a un accent dramatique qui plaît d’autant plus que le reste de la Déclaration se contente de corriger, en le féminisant, le texte de 1789.
Le Monde Diplomatique

Donner - concrètement et non dans l’abstrait - tous les droits à tous, y compris à un « sexe supérieur en beauté et en courage », c’était penser autrement, c’est-à-dire avec force et humour, l’ensemble des rapports sociaux et s’inscrire ainsi dans un débat européen sur l’égalité véritable, débat ouvert par les Lumières et qui est encore d’actualité.

Longtemps ignorée (quelques extraits sont publiés en 1840, mais la première version complète est éditée par Benoîte Groult en 1986), la Déclaration signée (et donc pleinement assumée) par de Gouges est dédiée à la reine.

Cette brochure semble être passée inaperçue en son temps, contrairement à la Vindication of the Rights of Women, de Mary Wollstonecraft, traduite dès 1792 et bien moins radicale dans sa forme. Cette publication précède de deux ans la mort sur l’échafaud de de Gouges, pour fédéralisme et antirobespierrisme, le 3 novembre 1793.

Réédité sous une forme souvent tronquée, ce document tend à faire de Marie Gouze, veuve Aubry, dite Olympe de Gouges, une icône internationale du féminisme. Cependant, cette renommée, qu’ignore encore largement l’Hexagone, reste partielle. Quand elle est connue, la fin tragique de la seconde guillotinée de l’histoire de France (Marie-Antoinette l’a devancée de peu) a éclipsé les autres titres de gloire d’une femme au destin transgressif : fille non reconnue d’un père aristocrate et de la belle épouse d’un boucher de Montauban, Occitane montée à Paris après un veuvage précoce, romancière autobiographe et écrivaine de théâtre malmenée, cette antiesclavagiste notoire fut une pamphlétaire novatrice qui sut répandre ses idées par des affiches et par voie de presse : abolir la traite négrière, réformer l’impôt et la Constitution, sauver la tête des monarques, donner à toutes et à tous le droit au divorce et à l’éducation, etc. (...)
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http://www.monde-diplomatique.fr/2008/11/PELLEGRIN/16435